Cette race a besoin de projets et d’être en mouvement. La routine l’éteint. Elle est à la fois une bête déterminée et acharnée.
Il ne se rend pas compte à quel point, parfois, cet acharnement devient en quelque sorte de l’automutilation. Se faisant, il ne se place pas seulement lui-même dans une situation précaire, mais il écorche au passage son entourage. Ce qui provoque inévitablement des blessures ainsi que des impacts majeurs, indésirables et surtout, non visibles sur son environnement, les gens qui l’entourent, ses employés, ses collaborateurs, sa famille et parfois même jusque dans la société.
Malgré un horaire prestigieux et vision de réussite, sa propre vie est simplement un chaos. Il est prêt à souffrir pour ne pas que les autres souffrent. Il est prêt à tout tenter pour aider les autres et leur offrir les meilleures conditions, mais lui, il ne peut pas nécessairement s’offrir ces conditions de vie favorables, car tout dépend de lui. Selon sa vision, s’il n’est pas là, tout va s’écrouler. Pour un entrepreneur, encaisser des blessures, ça fait partie de son lot quotidien. Il est « capable d’en prendre ». Il fonce tête baissée. C’est un guerrier!
Jamais il ne ferait endurer aux autres ce qu’il est prêt à endurer lui-même.
Selon la théorie de Adam Grant du livre original « Le triomphe des généreux », c’est beaucoup plus facile pour les gens de protéger les autres que de se protéger eux-mêmes. Le titre pourrait aussi bien être « L’entrepreneur invincible », car il croit que rien ne peut lui arriver. Sa mission est de sauver les autres avant lui, parce que lui, rien ne peut l’atteindre physiquement ou mentalement.
J’ai réalisé bien des choses après qu’un de mes clients entrepreneurs nous ait quitté. Il me disait qu’il se sentait seul. Pourtant, plus de 2 000 personnes sont venues lui rendre un dernier hommage lors de ses funérailles. J’ai vite compris que les entrepreneurs n’agissent pas en général pour eux-mêmes. Ils travaillent et naviguent en eaux troubles toujours en fonction d’aider les autres, de les placer au premier plan de leurs décisions quotidiennes. C’est une grande responsabilité qu’ils portent sur leurs épaules jour après jour. En réalité, c’est d’eux qu’ils ont besoin de prendre soin en premier pour pouvoir être au service des autres. Exactement comme nous le répètent les agents de bord lors d’un vol d’avion ; mettre son propre masque à oxygène en premier avant d’aider les autres. C’est malheureusement bien souvent le contraire que l’on constate chez les entrepreneurs. Ce comportement manque de cohérence et c’est ce que les employés et les collaborateurs remarquent en premier. Comme le dit l’expression :
« les bottines doivent suivre les babines « ou bien à l’anglaise « Walk the talk ».
On remarque la réserve d’énergie baisser rapidement, le niveau de stress augmenter et l’angoisse s’installer subtilement, mais oh combien rapidement! Et aujourd’hui, en ces temps de crise où l’on navigue tous à l’aveugle, on le remarque encore plus. La vigilance des proches et de notre entourage est bienveillante, mais même si tous brandissent un drapeau rouge d’alerte, l’entrepreneur, dans son for intérieur, se dit qu’il ne peut pas abandonner, car tout repose sur ses épaules.
Une amie entrepreneure me confiait qu’après avoir suivi pendant des années le chemin sinueux de générosité qu’est l’entrepreneuriat, elle avait dû s’avouer vaincue bien malgré elle. Déposer les armes pour quelque temps, question de se refaire une santé mentale et physique. Comme il arrive souvent quand la vie place des entraves sur notre route, tout se met en place et les choses se gèrent. Les collaborateurs attrapent la balle au bond, prennent les choses en main. C’est une grande leçon de vie que de comprendre et d’accepter que les gens autour de nous veuillent nous aider. La majorité des gens veulent plus donner que recevoir et les dirigeants cherchent trop souvent le « comment » et le « pourquoi » veulent-ils me libérer de mes tâches et tracas. C’est justement là que ça coince.
Il y a là une grande question. La question de cette protection à la vulnérabilité et c’est trop souvent l’égo qui prend le dessus face à elle. En images, l’égo est comme un chêne droit, dur et rigide et quand il doit plier un peu, il se brise, il se fracasse bruyamment. En comparaison, la souplesse du roseau, qui lui peut s’ajuster, danser avec le vent et même se plier avec souplesse et revenir à sa position initiale sans se briser, doucement et sans dommage pour lui et son entourage.
Donc en conclusion, comment, en tant qu’entrepreneur pouvons-nous trouver ou retrouver un peu plus de souplesse mentale et physique pour pouvoir danser avec les événements? Les défis de la 6e race, ceux qui attendent nos entrepreneurs, pour les relever ils auront besoin d’intuition, de bienveillance, de vérité, d’humilité et de beaucoup de vulnérabilité. À ce moment seulement, ils seront outillés pour atteindre les niveaux souhaités avec leurs équipes.
Qu’est-ce qui vous manque pour être prêt ?
Marco Roy – Étape 21 coaching